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Voici l'article de
"La Dépêche de Constantine"
du 30.3.1936 concernant les Obsèques
de mon Grand Père maternel
que je n'ai malheureusement pas connu
.

1882-1936
Les Obsèques de M.Alphonse GUIGUES
adjoint au maire
délégué aux oeuvre sociales.

22 Janvier 1931

A propos de la légion d'honneur de mon grand père
Lettre de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur

Philippeville, 29 mars (de notre correspondant particulier).
Le grand hall des services municipaux, à l’hotel de ville, transformé en chapelle ardente, a reçu samedi soir la dépouille mortelle de notre excellent et regretté ami M. Alphonse Guigues, adjoint au maire, délégué aux oeuvres sociales.
Celui qui fut le défenseur ardent de toutes les oeuvres sociales de notre cité et dont le dévouement est reconnu de tous, a reposé quelques heures dans la grande salle de notre hotel de ville où il se plaisait à recevoir les nombreux déshérités qui venaient chaque jour avoir recours à sa sollicitude généreuse.
Une assistance nombreuse, profondément recueillie a pris part à cette veillée mortuaire. Sur tous les visages se lisait une vive peine. Jusqu’au matin, notre population reconnaissante n’a cessé de défiler devant la dépouille mortelle du regretté adjoint au Maire.
Le grand vestibule d’entrée et le vaste hall des services communaux étaient transformés depuis hier soir en un vaste parterre de fleurs.
Entouré de son Conseil municipal, ayant à ses cotés, M. Morel, conseiller général et délégué financier, M. Lheureux , sous-préfet, toutes les autorités civiles et militaires, et devant une foule nombreuse, M. le Sénateur-maire Paul Cuttoli a rendu hommage en ces termes à M. Alphonse Guigues qui fut l’un de ses plus actifs et dévoués collaborateurs à l’assemblée municipale.

Discours de M. P. Cuttoli

Le sénateur-Mairre vient apporter le suprême adieu à l’ami pleuré par Philippeville.
Il fait en ces termes une peinture de l’amitié qui ennoblit le dur combat de la vie :
“au cours de sa maladie, Guigues, qui se sentait frappé par l’inexorable destin a écrit ses dispositions dernières. Quand on les lit, on est ému par la belle et touchante leçon qui se dégage de ces quelques lignes tracées d’une main tremblante. Il a lui-même réglé ses obsèques, pour lesquelles il exige la plus grande simplicité “quelques fleurs coupées par des mains amies c’est tout ce qu’il désire sur son cercueil et sur sa tombe”.
Et puis cette recommandation suprême d’un caractère si élevé : je veux être habillé de mon vêtement bleu de travail , le seul dans lequel je me sente à l’aise.
Et sa prière a été exaucée. Il est là , dans ce cercueil, vêtu de ce bourgeron bleu que ce travailleur de grande classe et de fière allure portait avec tant de noblesse.
En signant ce testament d’une simplicité si touchante, Guigues a llui même prononcé l’oraison funèbre qui lui convenait.
L’homme de bien qui nous quitte se retrouve tout entier dans ses recommandations dernières. C’est de lui que l’ont peut dire hardiment : “il a passé en faisant le bien”. Et comme il a toujours fait le bien, il a pu mourir sans inquiétude comme sans remords.

Après avoir rendu cet émouvant hommage au citoyen généreux, le Sénateur Maire prononce l’éloge du travailleur :
“son origine populaire et rustisque dit-il, qu’il aimait à rappeler, sa physionomie sur laquelle une souriante finesse tempérait une vigueur plébeienne, ses goûts et ses gestes habituels nous aidaient à comprendre la sainte opiniatreté et le bon sens exalté qu’il porta dans toutes les oeuvres charitables.
Il travailla jusqu’au dernier soupir au soulagement de ses semblables, comme il travailla à son jardin jusqu’à y tomber d’épuisement.
Guigues a été frappé au champ d’honneur de l’humanité.

C’est ensuite l’homme de devoir, dont M. Paul Cuttoli exalte le souvenir dans ces paroles :

“Mais Guigues n’était pas seulement un homme de bien. C’était aussi un homme de devoir, et à ce titre, il fut un dévoué serviteur de la Cité. Et la tristesse que me cause la disparition de cette vivante et souriante figure, est rendue plus poignante encore quand je songe à toutes les oueuvres sociales que cet apôtre de l’humanité animait de son souffle généreux et de sa foi ardente. Colonies de vacances. Artisanat. Oeuvre d’assistance médicale aux indigènes. Bureau de bienfaisance, auxquels il consacra son activité dévorante, qu’éllez vous devenir, privés du grand Animateur que nous pleurons ?
Mais Guigues nous laisse son grand exemple comme héritage sacré et, à l’heure du découragement, nous évoquerons la mémoire de l’ami sûr, qui allait toujours droit au devoir avec cette belle et haute conscience de l’homme de bien.
Homme de devoir et de sacrifice, Guigues l’était par dessus tout.

Avant de prononcer le suprême adieu, le Sénateur-Maire évoque la fin du regretté collaborateur qui, jusqu’au dernier souffle consacra ses forces à la Cité :
“ une heure avant qu’il ne s’alitât, dit M. Paul Cuttoli, j’étais avec lui à la Maison d’assistance aux indigènes. Au milieu des déshérités, nous assistions à la distribution des soupes que se partagent tous les jours des indigents affamés. C’est là qu’il ressentit le premier frisson du mal qu’il allait l’emporter. Faisant un effort surhumain dont il ne voulu pas me rendre témoin, il m’accompagna jusqu’à la mairie . Puis, il rentra précipitamment chez lui. Ce jour là, la maladie avait marqué son empreinte sur cette belle et noble figure.
Et maintenant, il va reposer dans ce cimetière qu’il avait transformé, qu’il soignait avec une tendresse touchante, dans ce modeste tombeau de famille sur lequel une main pieuse devrait écrire ces simples mots : “Ici repose un homme de bien”

Le Cortège

 

Après une courte cérémonie à l’Hotel de Ville, le cortège s’est formé.

Les obsèques ont revêtu un caractère des plus imposants.

La compagnie des sapeurs-pompiers sous les ordres du capitaine Jean Susini était là, au grand complet

En tête de cet imposant cortège civil de nombreuses voitures chargées de fleurs et de couronnes portées à bras et des draps mortuaires.

Parmi les couronnes, celles de : M. le Sénateur-Maire et du Conseil Municipal ; des Employés Communaux, du Syndicat des employés et ouvriers communaux ; du Personnel de la Police Municipale ; de l’Amicale de la Police municipale ; de la “Goutte de Lait” ; des “Corbeilles Circulantes” ; de l’Aiguille Musulmane” ; de la Maternelle et Aiguille de Sainte-Anne ; des loges “Les enfants de Mars” et “Rusicada”; des Associations agricoles ; du personnel de la Maison du colon, du Racing Club Phillippevillois, du Club de Tennis ; de la Société d’horticulture ; des Boulomanes ; des femmes socialistes ; du syndicat des Cheminots ; du parti Communiste ; de la Société Philharmonique; musique municipale, de l’Harmonie Philippevilloise ; des Etablissements Salord ; de la Brasserie Wolf ; du Souvenir Français ; de l’Ecole d’Apprentissage ; de l’Ecole de tapis indigènes ; de l’Union socialiste.

Des délégations portaient le drap de la Libre pensée, des amis personnels, des présidentes des oeuvres sociales du Droit humain, de la Loge maçonnique les “Enfants de Mars”.

Précédent le char funèbre, la société philharmonique, musique municipale avec son drapeau cravaté de crêpe et son drap tenu par quatre membres du Conseil d’administration.

Le char, qui disparaissait sous les fleurs était entouré de sapeurs pompiers et des enfants des écoles. aux cordons du poële :
MM. viala, principal du Collège Colonial de garçons ;
 Ledermann, batônnier de l’ordre des avocats ;
 Renard, chef de l’exploitation des chemins de fer algériens à Constantine ;
 Faillenot, président du comitré de l’école d’apprentissage ;
Bérenger et Augier, conseillers municipaux.

Sur tout le parcours de l’Hotel de Ville au cimetière la “Philharmonique” a exécuté des marches funèbres.

Toutes les autorités civiles et militaires de notre ville étaient présentes. Nous nous abstenons de donner des noms car nous ferions involontairement des omissions.

Respectueusement le long cortège a été salué par la foule immense qui se pressait tout le long de la rue Clémenceau.

Monsieur le Préfet René Bouffet avait prié télégraphiquement M. le Sous-Préfet de Philippeville d’exprimer à Mme Guigues et à sa famille ses condoléances attristées.

Au Cimetière

 

Au nom des organisations républicaines et socialistes unies dans le front polulaire philippevillois, M. Dominique Cianfarani rend le premier hommage aux belles qualités républicaines de M Alphonse Guigues.

"Alphonse Guigues, dit-il, avait de la politique, la haute conception enseignée par nos maîtres ; servir la cité et cette science délicate du gouvernement des hommes et de l’administration des choses, il l’avait pratiquée avec le souci du bien public".

Il dépeint ensuite le bon démocrate et socialiste qui savait allier la règle, parfois rigide des principes , aux élans généreux d’un coeur, à la sensibilité extrême.

Après avoir fait le plus vif éloge du cher disparu, bon parmi les bons, travailleur opiniâtre, M. Cianfarani termine ainsi :
“ C’est lorsque les hommes comme Guigues disparaissent que l’on peut mesurer le vide qu’ils laissent après eux.

Celui laissé aujourd’hui est immense, on ne le comblera pas facilement. Dans le désarroi de notre pensée, en ce jour de douleur, c’est le premier hommage que nous rendons au militant disparu.

Camarade Guigues, dans l’action politique et sociale qui nous sollicite, puissions-nous toujours te ressembler par la générosité du coeur, la sureté du jugement, la foidans les grandes destinées populaires ; puissions-nous comme toi, ne jamais séparer notre volonté de justice sociale de l’inlassable bonté de nos coeurs fraternels”.

M.Bel, premier adjoint au maire, au nom de M.Vallet, président des Enfants à la mer et à la montagne vient ensuite dire l’absolu dévouement pour cette oeuvre de M.Guigues qui présidait la section locale.

Il rappelle le beau rôle joué par lui depuis sept années auprès des colonies de vacances qui avaient en lui un protecteur et un ami :

"
votre souvenir, dit-il en terminant restera gravé dans la mémoire de tous les enfants dont vous avez été le soutien et leurs parents vous garderont leur reconnaissance."

Présidente de la “goutte de Lait”, Mme Giully vient à son tour dire la bonté du défunt pour les oeuvres sociales en général et en particulier pour les petits de la “goutte de Lait” dont il était président d’honneur :

"votre tâche est inachevée ; votre souvenir restera en nous tous, comme celui de l’apôtre de la bonté, du dévouement dans le sacrifice"

Au nom du “Souvenir Français” dont il est président, M.Oettly rappelle l’esprit d’abnégation, l’amour du prochain, la charité de M.Guigues qui ne néligea jamais rien pour les chères tombes du Souvenir Français.

Parlant au nom de l’Union Fédérative des Associations agricoles, M.Léon Parenty, vice-président rappela la belle vie de labeur de celui qui fut Président de la société d’horticulture et membre assidu des Associations agricoles.

Après avoir rappelé ses débuts dans l’agriculture et plus particulièrement dans la culture, M.Parenty sut dire en termes élevés toute la bonté de M.Guigues et son dévouement sans limite pour tout ce qui touchaità l’agriculture.

En sa qualité de secrétaire général des employés et ouvriers communaux, M.Balzzano vient dire ensuite l’affliction de tous ses collègues et dire à Mme Guigues et à sa famille la grande part qu’ils prennent à leur douleur.

M.Allard, au nom de l’Amicale des Provençaux, Languedociens et Dauphinois réunis salue avec émotion la mémoire du bon compatriote disparu qui occupait une grande place au sein de la société et qui avait l’estime profonde de tous les membres. Il termine ainsi :
“Mon grand et cher ami Guigues, vois dans mes larmes le témoignage affectueux de toute l’Amicale et la blessure cruelle et saignante que ta mort cause à notre si parfaite, si belle et si rare amitié”.

M.Martin, au nom des Loges maçonniques “Les enfants de Mars et “Rusicada” en un discours d’une haute tenue littéraire rappelle la belle vie de M.Guigues, membre du premier atelier depuis le 7 avril 1922, atelier dont il fut vénérable et qui lui dercerna le titre de Vénérable d’honneur.

Les enfants des écoles viennent ensuite déposer pieusement des fleurs sur le cercueil de M.Alphonse Guigues , qui fut leur bienfaiteur et ami et après une dernière marche funèbre exécutée par la Philharmonique, la foule profondément émue s’incline respectueusement devant les restes du bon Philippevillois, trop tôt disparu , que fut M.Alphonse Guigues.

Nous renouvelons à Mme Veuve Alphonse Guigues, à Mlle Andrée Guigues , à M.Louis Guigues et à toutes les familles atteintes par ce deuil cruel, l’expression de nos vives condoléances.

J.XICLUNA.

La Dépêche de Constantine du 30.3.1936


Insigne du Conseil Municipal.


Légion d'honneur de Alphonse Guigues
La Légion d'Honneur
de mon Grand-Père  Alphonse Guigues
Nommé Chevalier de la légion d'Honneur par décret du
22 Janvier 1931,
en qualité d'<< horticulteur


A propos de la légion d'honneur de mon grand père
Lettre de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur



L'Echo d'Alger du 27/4/1931  (BNF)

<< DANS LA LEGION D'HONNEUR.
 — Dimanche dernier, dans la grande salle des délibérations du conseil municipal, M. Alphonse Guigues, horticulteur, adjoint au maire de Philippeville, recevait les insignes de la légion d'honneur. A cette fête tout Philippeville était représenté.

M. Paul Cuttoli, sénateur-maire, arrive pour présider cette grandiose manifestation d'amitié. La Philharmonique joue la s Marseillaise ». Une ovation est faite au chef de la municipalité qui prend place à la table d'honneur ayant à ses côtés M. Guigues, son adjoint ; M. Chollet désigné par la Grande Chancellerie et entouré de M. Richard, sous-préfet ; MM. Morel ft Bel, délégués financiers ; MM. Louis (Jordina, Ferrando, Bourgarel et Allard, adjoints ; M. le colonel Croll, commandant d'armes ; M. Pasquini, procureur de la République ; MM. Pinelli et Jean Cordina, président et vice-président de la chambre de commerce ; M. le docteur Piquet, -de Constantine : M. Renaud, inspecteur principal des Chemins de fer de I Etat ; M. Forestier, inspecteur de l'Assistance publique ; M. Portolano, président du syndicat commercial ; M. Ledermann, président du Syndicat d'initiative ; M.Murracloll, directeur d'école en retraite, toutes les notabilités de la ville.

Des discours ont été prononcés par MM.

Chollet, parrain du récipiendaire ; Boulnemou au nom des conseillers municipaux indigères ; Louis Morel et Aug. Bel, délégués financiers ; Richard, sous-préfet ; le sénateur-maire et Guigues, le nouveau légionnaire.

Toute l'assistance se presse autour de M. Guigues pour le féliciter.

A notre tour, nous exprimons à M. Guigues nos sincères et cordiales félicitations.>>



Les Francs -Maçons de Philippeville





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